Elle habitait un petit studio, sous les toits, à quelques pas de la place de la Bastille. Pour arriver chez elle, l'ascension des six étages ne fut jamais aisée mais je montais au paradis. En entrant, elle me dit de me mettre à mon aise. Je m'affalais sur son canapé convertible. Pendant ce temps, elle sortait d'un tiroir un petit sachet d'herbe et des feuilles à rouler. Elle s'était assise à côté de moi. Je la regardais faire. Quelques secondes plus tard, elle allumait un joint de cannabis. Elle trouvait que l'herbe était meilleure que le shit et elle la fumait toujours sans tabac. J'avais, pour ma part, l'habitude de la mélanger avec la moitié d'un cigarette. Elle me dit c'est une hérésie et, après m'avoir tendu le joint, elle se leva pour mettre de la musique. C'était Portishead. Durant un moment, dont je ne saurais apprécier la durée, je me laissais emporter par cette musique si envoûtante. Les sons des guitares et la voix que j'entendais me semblaient extraordinaires. Nous ne parlions plus. Quelques regards vers elle, vers les différentes parties de son corps. Quand elle portait le joint à sa bouche, j'admirais le mouvement de sa main qui avançait vers son visage, comme portée par la musique. Après avoir tiré une longue bouffée, elle pencha sa tête en arrière, tout en fermant les yeux. Elle resta quelques secondes sans bouger, dans cette position semblant évoquer l'abandon total de son corps et de son esprit. Je la trouvais alors terriblement sensuelle, et j'éprouvais une irrésistible envie de lui baiser le cou, à laquelle je résistais cependant. Je n'osais pas encore.
Elle fit un geste pour se lever et je l'entendis dire : on va se mettre à l'aise. Le canapé devint un lit. Quand cette métamorphose ce fut accomplie, nous nous embrassâmes. Impossible de dire qui en avait pris l'initiative. Nous nous embrassions comme des fous, sans plus savoir comment nous arrêter. Nos vêtements devinrent superflus. Pire encore : ils nous nous gênaient. Nous devions nous battre pour les retirer, sans que nos lèvres ne se désenlacent et sans que nos caresses ne cessent. Sa peau était fine, très douce et agréable à caresser. Entre ses cuisses, je sentais un parfum de vie. Il me ramenait à des choses de mon enfance. Les bois, je pense. De la terre, très noire, dont les saveurs s'élèvent en automne, après la pluie. Nous avons fait l'amour toute la nuit durant. Il faisait très chaud et nous suions abondamment. Nos corps moites semblaient vouloir se fondre l'un dans l'autre. Nous nous arrêtions pour aller chercher un verre d'eau ou fumer un pétard. Je changeais de préservatif et nous reprenions. A force, il y avait une odeur de caoutchouc dans la pièce. Je la trouvais désagréable car elle troublait les essences de nos corps. Le sexe devint quelque chose d'important dans notre relation. Il suffisait d'une petite étincelle, que Louise trouvait souvent les moyens d'allumer. Je la prenais dans des endroits insolites, car nous ne pouvions parfois plus attendre. Une fois dans un restaurant - nous sommes descendu dans les toilettes -, plusieurs fois dans la rue, un ascenseur ou une salle obscure de cinéma. C'était finalement ce lieu qui nous plaisait le mieux. A cause de toutes ces personnes autour de nous. Nous nous installions dans le fond de la salle mais nous n'étions pas toujours très discrets. On entendait parfois, entre deux répliques d'un mauvais film, un soupir de Louise. Il est terrible le soupir de Louise. C'est un souffle, quelques fois, un tout petit souffle qu'émet son corps entier qui frémit. Moi, qui suit contre elle, j'entends, je sens tout. Le plus dur est alors de résister encore un peu, de ne pas jouir tout de suite. Elle me disait parle moi. Dis moi des mots sales. Les premières fois, je ne savais quoi dire. Puis, je me suis pris au jeu, je faisais ce qu'il fallait pour que son excitation augmente. Certaines personnes nous ont remarquées. Des inconnus se sont masturbés en nous regardant. Tout cela nous a excités davantage. Moi, autant que Louise, et j'en étais surpris.
Quelques semaines après nos retrouvailles, nous avons passé une journée à la campagne, chez une amie de Louise qui venait de rentrer d'un long séjours aux Etats-Unis. Elle avait suivi des cours à Washington et à New -York. Je ne me souviens plus de quoi exactement. L'important c'est qu'elle avait été aux Etats-Unis. A son retour, elle invitait ses vieux amis d'enfance dans la maison de campagne de ses parents, pour un barbecue. Les américains adorent. Des saucisses, des ailes de poulet et des travers de porc dans des assiettes en carton. Le tout arrosés de rosé tiède et de vin rouge. Il y avait des chips également. Nous nous léchions nos doigts avant de nous resservir. Qui ne voulait pas du pas assez cuit avait du brûlé. C'était un vrai barbecue dont plus personne ne s'occupait, une fois que l'ambiance s'était détendue et que les filles laissaient échapper leur rire. Nous étions en majorité des couples parmi lesquels Louise et moi, qui ne voulions pas forcément en paraître un. Sophie nous racontait son voyage. Les américains sont vraiment supers sympathiques. Les gens que j'ai rencontrés là-bas étaient hyper intéressants. Gary, mon boyfriend, vivait avec sa mère dans un super appart, à Manhattan. On s'est fait des soirée super cools chez lui. Aux Etats-Unis les gens gagnent vraiment mieux leur vie qu'en France. Je pris un air étonné pour lui dire : ah bon ? Bien sûr, le moindre diplôme te rapporte vachement plus qu'ici. Je n'avais jamais vu les choses de cette manière. Je m'imaginais achetant des diplômes en France pour les revendre aux Etats-Unis. Combien de temps aurais-je mis pour faire fortune ? C'était assurément ce qu'il fallait faire, d'autant plus que l'on peut avoir des bons diplômes en France pour pas très cher. Pas plus que moi, Louise n'était sous le charme du nouveau monde. Sophie parlait et elle l'écoutait à peine, préférant renouer avec Séverine, qu'elle n'avait plus vu depuis des années alors qu'elles étaient très bonnes amies en classe, et qui était venue avec Olivier, son tout nouveau copain. A l'époque elle sortait avec Romain. Cela avait duré plusieurs années ; elle venait juste de rompre avec lui. Alors vous êtes restés au moins 6 ans ensemble. C'était exactement ça. Une rupture après 6 ans. C'était tout aussi impressionnant que deux ans aux Etats-unis. Louise voulait absolument connaître les détails de l'affaire. Cela lui paraissait incroyable. Allons parler dans le salon, dit-elle à son amie, me laissant ainsi seul, en compagnie de gens que je ne connaissais pas. J'avais un choix difficile à faire entre continuer à subir de la propagande pro-américaine, me resservir une énième fois des saucisses, des ailes de poulets ou des travers des porcs qui avaient marinés dans une sauce au miel et aux épices, ou tenter d'engager une conversation avec Olivier, qui, tout comme moi, en tant que pièce rapportée à ce festin offert par les amis de l'Amérique, ne connaissait pas grand monde. Je choisis la troisième possibilité. Lui n'avait rien contre les américains mais trouvait scandaleux leur manière d'envahir le monde avec leur fast-food et leur boissons gazeuses. De plus, ils les trouvait très arrogants dans leur manière de traiter les dossiers de politique internationale. Finalement, je me rendis compte qu'il était absolument anti-américain (bien plus que moi, en tout cas) et que je lui avais donné l'occasion qu'il attendait, depuis que Sophie avait ouvert la bouche, d'exprimer son sentiment. Afin d'éviter l'incident diplomatique, je m'efforçais d'amener d'autres sujets dans la conversation. Mais Olivier ne parlait pas avec moi, il répondait indirectement à la maîtresse de maison qui nous avait invité et, je dois le dire, d'une manière très virulente. Du coup, nous allions droit au clash. Nous n'aurions pu l'éviter si le petit frère de Sophie et ses amis n'avaient trouvé amusant de nous balancer des grands jet d'eau par surprise. Il s'en suivi une bataille extraordinaire au cours de laquelle les pro et les anti-américains se retrouvèrent dans le même camp, à laver l'affront qui leur était tombé du ciel.
Le soir, Olivier et Séverine nous ramenèrent à Paris. Ils nous laissèrent au rond-point de l'étoile et nous décidâmes de descendre à pied l'avenue des champs Elysées. Il faisait beau. Notre marche était agréable. Nous avons poursuivi après la Concorde, longé les Tuileries, avant de prendre en direction du Châtelet. Louise commençait à être fatiguée mais nous ne trouvions pas de Taxi. Au détour d'une rue, j'avais fait un 100 mètres pour tenter d'en rattraper un, mais, après avoir déposé sa passagère, le chauffeur était reparti sans prêter attention à ma course folle derrière lui. Louise m'avait ensuite rejoint en riant. J'étais essoufflé et, pour me récompenser de mes efforts, elle me couvrait de baisers et de paroles tendres afin, disait-elle, que je ne perde jamais espoir de ma vie. Ce soir-là, nous n'avions pas idée de nous plaindre. Nous avons poursuivi notre marche tout en discutant de plus belle. Nous parlions des chansons de notre enfance. Nous nous mettions à chanter à tour de rôle ou ensemble lorsque la chanson était connue de nous deux. Arrivé dans la rue de Turbigo, nous avons remarqué une fête au 6eme étage d'un immeuble. Une femme en sortait seule, juste au moment où nous passions devant. Il était aisé de deviner d'où elle venait, mais elle semblait s'être ennuyer.C'est pourquoi je lui ai demandé si la fête n'était pas à son goût. A ma grande surprise, elle m'a affirmé que non, la fête était vraiment super. Vous voulez monter ? Nous avons poliment refusé son invitation mais elle a insisté. Mais si, monter, vous allez voir, les gens sont vraiment géniaux, ils sont tous très beaux.
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| C'était amusant d'entendre dire que les gens étaient tous très beaux. Nous commencions à être intrigués. Elle a encore insisté. Allez, c'est moi qui vous invite, vous pouvez monter ; vous dites que vous êtes des amis de Fanfan. Du coup, nous avons voulu voir ce qu'il en était là-haut. Elle nous a menés jusqu'au 5eme étage. Après avoir sonné et crié que nous étions avec elle, devant la porte d'un appartement, elle est redescendue. A l'intérieur, personne, en réalité, ne se préoccupait de savoir qui voulait entrer ni par qui il était recommandé. La porte s'était ouverte et nous nous sommes incrustés, non sans quelques difficultés malgré tout, puisqu'il y avait un groupe de gens qui discutaient dans l'entrée tandis que d'autres essayaient de sortir, ce qui faisait beaucoup de monde coincés devant la porte. Nous avons vite abandonné cet endroit pour nous retrouver dans une pièce faisant office de piste de danse. Nous l'avons rapidement traverser, tout en sentant monter, autour de nous, des grosses bouffées de chaleur. Les autres pièces se succédaient directement les unes aux autres. Elles étaient toutes très grandes. Nous les avons découvertes, occupées par des petits groupes de gens en grande conversation. Ils ne nous paraissaient pas particulièrement beaux, ni ceux qui parlaient, ni ceux qui ne disaient rien mais bougeaient leurs corps en essayant de suivre le rythme, ni ceux qui roulaient, ni ceux qui fumaient, encore moins ceux qui allaient avoir une crampe au bras à cause du verre de champagne qu'ils ne voulaient ni finir ni abandonner sur le rebord d'une cheminée. Il est vrai que cela donnait un certain standing, non seulement à eux mais à la soirée également. Louise n'a pas tardé à se faire draguer. Un type, assez petit, looké d'enfer, est venu lui faire son cinéma. Je les ai laissés. Dans la première pièce, il y avait une asiatique, au teint foncé, que je trouvais particulièrement jolie. Elle semblait ne pas me voir. J'ai dansé un peu à côté d'elle puis je suis reparti. Louise n'avait pas bougée ; elle parlait toujours avec la même personne. Que faire ? J'aurais eu l'air d'un con en me montrant suspicieux. Il valait mieux lui faire confiance, au moins pour quelques minutes encore. Dans la cuisine, je me suis servi un grand verre de gin. J'avais perdu un peu de ma bonne humeur, j'ai bu sans porter de la moindre attention à une espèce de gringalet qui tenta d'engager la conversation avec moi. A nouveau dans l'autre pièce. La belle asiatique ne dansait plus. Elle était assise sur le rebord de la porte-fenêtre qui permettait d'accéder au balcon. C'était le moment idéal pour engager la conversation avec elle ; je lui dit bonsoir. Elle leva les yeux vers moi. Bonsoir. J'appris qu'elle était originaire des Philippines et qu'elle s'appelait Marie. Ce prénom catholique me surpris tant je voyais en elle un parfait exotisme. Elle me demanda si je connaissais ce pays, je dû avouer que non. J'aimais beaucoup son sourire, à cause de ses magnifiques dents blanches. J'aimais aussi ses yeux et sa longue chevelure très noire. Elle ne parlait pas un excellent français et, de temps à autre, elle me disait les mots qu'elle ignorait en anglais. Alors, je traduisais à haute voix pour qu'elle répète et ensuite elle riait. Sans doute était-elle heureuse de connaître des mots nouveaux. Je commençais à lui apprendre le vocabulaire courant pour exprimer la beauté d'une fille comme elle. Elle semblait encore apprécier. Elle me lançait des regards coquins. Au bout d'un moment, elle en avait certainement suffisamment appris, si bien qu'elle me dit : tu sais, j'aime bien faire l'amour avec quelqu'un comme toi. Je ne savais plus que dire. Je tentais de relever les fautes de grammaire dans sa phrase. L'ignorance du conditionnel ne pouvait pas tout expliquer cependant. D'autant plus qu'elle a poursuivi : c'est un problème parce que j'habite ici avec mon fiancé... Si je lui demande, tu es d'accord ? Je me suis senti mal. Je lui ai répondu, en me levant : attend, tu veux bien m'excuser quelques minutes avant d'en parler à ton fiancé. Je reviens tout de suite. Je suis parti presque en courant. Je devais dire à Louise que ferions mieux de nous en aller. L'individu qui s'appelait Thibault ne l'avait toujours pas lâché. Cette fois-ci, je suis arrivé en panique jusqu'à eux. Ecoute, Louise, il faut qu'on s'en aille maintenant, je n'en peux plus, je suis crevé. Mais Louise n'était pas vraiment d'accord. - Et la fille avec qui tu parlais alors ? - Et bien, on s'est tout dit, maintenant je suis fatigué, je veux rentrer. Tu viens avec moi ou tu restes ici ? L'individu qui s'appelait Thibault suivait la scène en souriant. Il ne manquait aucune de nos paroles. Il en a profiter pour marquer un point. - Louise, si tu veux rester, il n'y a aucun problème. Je te raccompagnerai tout à l'heure. - Ah non, me suis-je écrié, Louise rentre avec moi maintenant ! Le salop a continué : - Mais je te comprends pas mon vieux, tout à l'heure je te voyais parler avec ma copine : vous aviez l'air de très bien vous entendre. - Comment ça ta copine ? - Oui, tu parlais avec Marie, non ? - Tu es son fiancé ! ! ? - Oui. - C'est toi qui organise cette soirée ? - Oui. - Bon, Louise, qu'est ce que tu fais ? Tu veux rester ici, je crois que c'est des partouzeurs ? Louise a éclaté de rire. J'ai cru qu'elle allait se pisser dessus. Et Thibault était très content. J'étais sur que, pendant tout ce temps, il n'avait pas réussis à la faire rire comme ça. Quand elle a retrouvé ses esprits elle m'a répondu : - Moi, je ne suis pas fatiguée du tout. Je commence a bien m'amuser au contraire. Ensuite, elle s'est tournée vers Thibault : - C'est vrai que t'es un partouzeur ? Et elle a encore éclaté de rire. Je me demandais ce qu'ils avaient pu se dire auparavant. Ce coup-là, il semblait trouver Louise un peu moins drôle. Et c'est moi qui ai marqué le point : - Bon, je crois qu'elle est bourrée, on ferait mieux de rentrer. Vraiment, je te remercie, heu... Thibault, pour cette soirée. Je lui tendais ma main et Louise riait toujours. Finalement, je suis rentré seul. Je n'ai plus entendu parlé de Louise pendant 4 ou 5 semaines. Je n'ai jamais su ce qu'elle était devenue durant tout ce temps. Elle avait peut-être vécu avec Thibault et Marie, ils ont peut-être fait ménage à trois avant que Louise ne reprenne son autonomie. Cette période de sa vie demeure un mystère pour moi car elle n'a jamais voulu répondre à mes questions. Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle avait fini par reprendre contact avec moi, elle m'a dit que je lui avais manqué. C'est comme ça, m'a-t-elle affirmé, lorsque je suis avec toi j'ai parfois envie de disparaître et lorsque je suis sans toi, je pense que tu me manques. - Tu penses que je te manque, Louise, ou je te manque vraiment, ce n'est pas la même chose tu sais. - Non, tu me manques vraiment. - Ah bon, il vaudrait mieux en être sûre parce que, moi, je n'ai pas que ça à faire : courir après toi ou bien t'attendre. Pour toute réponse, elle s'est contentée de baisser les yeux et de prendre son air songeur. Elle est restée un long moment sans rien dire, si bien qu'il m'a fallu poursuivre mon discours. Je n'avais moi-même pas les idées vraiment claires. J'étais partagé entre le bonheur que me procurait son retour et les reproches que j'avais à lui faire. Les reproches ont évidemment pris le dessus et Louise m'a écouté lui dire, pendant plus d'une heure, que je ne comprenais rien à sa manière d'agir, que pourtant je l'aimais, qu'elle ne se rendait pas compte de tout ce qu'elle gâchait entre nous, qu'il fallait qu'elle me parle, que, sinon, je préférerais qu'il n'y ai rien entre nous. Rien entre nous, cela ne voulait rien dire bien entendu. Nous n'étions pas à une période où l'on pouvait faire le vide par une décision. Le lien qui nous unissait était imperceptible mais si solide qu'il se trouvait là, indépendamment de notre volonté, comme quelque chose que nous ne pouvions rompre, ni elle ni moi. Cependant, il agissait sur nous de manières différentes. Pour Louise, c'était un élastique, comme ceux que s'accrochent aux pieds les gens en mal de sensation forte avant de sauter dans le vide. Il la ramenait sans cesse vers moi, j'étais, en quelque sorte, sa terre ferme, sur laquelle elle ne pouvait se résigner à se poser définitivement. Il lui fallait toujours sauter ou, quelques fois, se laisser tomber tout simplement dans le vide. L'élastique la ramenait vers moi, toujours. Pour moi, ce lien avait une autre forme. C'était quelque chose de plus vitale en apparence : une laisse qu'on m'avait attachée au coup. Quoi qu'elle fasse, Louise me tenait. J'étais à elle corps et âme. Je me résignais. L'amour nous y oblige quelques fois. Je la regardais. Sa beauté. Une chose toujours nouvelle pour moi. J'aimais sa peau, son visage et ses mains. Je m'enivrais de son parfum. Certaines parties de son corps, les plus insignifiantes en général, me paraissaient sublimes. Je lui disais qu'elle me rendait fou. C'était vrai. |