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1er version du roman> Chap 9 : Mon esprit d'escalier

Louise avait disparue. Je ne lui avais pas demandé son numéro de téléphone et je ne savais pas à quel numéro de la rue Amelot elle habitait.
Cette nuit-là, je me retournais plusieurs fois dans mon lit en maudissant ce que ma grand-mère aurait appelé mon esprit d'escalier. C'est ainsi, m'avait-elle appris, que l'on qualifiait l'esprit des personnes toujours en retard d'une bonne réplique. Ce n'est qu'en bas de l'escalier, lorsqu'elles quittaient le salon de leur hôte, qu'elles se disaient : Ah zut ! J'aurais dû répondre ceci ou dira cela.

Ma grand-mère connaissait beaucoup d'expressions de ce genre. Elle en était très fière parce qu'elles sont la marque d'une grande intimité avec une langue.

Ma grand-mère était venue de Pologne en France.

Avoir l'esprit d'escalier fait partie des expressions qui m'ont plues car l'image est assez belle et, surtout, je comprends très bien les gens dont elle affirme les regrets. Je suis de la même race qu'eux, celle des "j'aurais dû". J'aurai dû dire ça comme j'aurai dû faire ça. Nous laissons toujours passer les bonnes occasions et nous prions afin d'avoir la chance, on moins une fois, de revenir en arrière dans le temps.

C'est pourquoi, le lendemain, je délaissais à nouveau mes recherches d'emploi pour m'occuper de retrouver Louise. Les pistes étaient minces. Grâce à notre petit jeu des présentations, je connaissais son nom de famille. Cependant, dans l'annuaire, je trouvais des Montel, des Monteille, et des Monteil sans "h"et d'autres avec un "h" mais pas de Louise et aucun Monteil dans le XIeme.

Néanmoins, je leur avais tous téléphoné pour savoir s'il y avait une Louise dans leur famille. La première personne que j'avais eu m'avait annoncé que Louise Monteil était décédée 3 jours auparavant : c'était sa grand-mère. Une autre m'avait appris qu'elle avait une cousine qui s'appelait Louise, mais son nom de famille s'était Richard. Une autre m'avait demandé pourquoi vous voulez parler à Louise Monteil ? Je lui avais demandé, plein d'espoir, vous la connaissez ? et elle m'avait répondu non. Un autre, enfin, m'avait dit, si vous voulez retrouver une inconnue, vous n'avez qu'à mettre une annonce dans Libé, c'est comme ça que j'ai retrouvé celle qui est aujourd'hui ma femme. Je l'avais félicité. D'autres m'avaient dit nous n'avons aucune Louise dans notre famille et beaucoup, évidemment, m'avaient raccroché au nez.

L'idée de l'annonce n'était pas mauvaise. Je tentais d'en imaginer le texte. Mille excuses, 2 jours magnifiques, n'aurais pas dû faire scène à cause du snif que tu t'ai envoyé. Je n'aimais pas le "à cause du snif". Il valait mieux faire simple : Mille excuses Louise. 2 jours magnifiques ensemble. Voudrais te revoir. Non. Voudrai te revoir ABSOLUMENT.
C'était pas mal.

J'allais appeler Libé mais je ne l'ai pas fait. J'ai préféré penser à Jésus. Peut-être avait-il connu Louise lorsqu'il travaillait chez Cyril, me suis-je dit. J'avais encore sa carte. Il pouvait m'aider à la retrouver.

J'ai laissé plusieurs messages sur un répondeur avant qu'il ne me rappelle le soir en me disant : Alors, qu'est-ce que tu deviens, t'as un boulot ? Je ne savais pas quoi lui répondre. J'aurais pu mentir, car j'hésitais à lui raconter ce qui c'était réellement passé, mais je ne l'ai pas fait.
- Alors Cyril, il t'a embauché ?
J'avais peur de lui infliger un coup trop dur en lui faisant perdre toutes ses illusions sur ce patron qu'il considérait tant. J'essayais de tourner autour du pot. Je lui demandais comment c'était lorsqu'il travaillait là-bas. Quand il revenait sur ma rencontre avec Cyril, je tentais d'esquiver. Y avait-il, de son temps, une jeune secrétaire qui s'appelait Louise ?

 


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Ce petit manège a duré quelques minutes. A l'autre bout du fil, Jésus commençait à perdre patience. Avant de répondre à mes questions, il voulait savoir ce qui c'était passé et pourquoi Cyril ne m'avait pas embauché. Je lui dis que j'avais eu maille à partir avec lui. Mais il ne voulait pas entendre ce genre d'expression qu'il ne comprenait pas. Parle moi français, me dit-il. Ne pouvant plus faire autrement, j'ai commencé à lui raconter en détail l'accueil de Cyril, la manière dont il m'avait traité et l'intervention d'Hakim. Je lui précisais que, avant cela, je m'étais absolument bien comporté avec Cyril, c'est pourquoi, je n'avais rien compris à son attitude à mon égard. Finalement, je lui dit très simplement que son ancien patron n'était qu'un sale connard. En tout cas, qu'il avait bien changé. Lorsque j'eu fini mes explications, nous avons écouté tous les deux le silence qui sépare les âmes au téléphone. C'est vrai, dit ensuite Jésus, il est un peu frimeur. Ah mais là, c'était beaucoup plus que de la frime. Je lui racontais également la discutions que nous avions eu dans le café avec Louise. Mais j'évitais de lui dire qu'elle avait passé deux jours dans mon lit.

Maintenant il voyait bien où je voulais en venir depuis le début.
- Tu cherches à revoir cette fille ?
- Oui.
- Je vois qui c'est, mais je la connaissais pas trop. Si tu veux, je peux peut-être t'avoir son numéro ou son adresse. Il faut me donner un peu de temps pour que je me renseigne.
Je n'ai pas cherché à lui cacher à quel point cela me ferait plaisir. Alors il me dit :
- Dans ce cas, c'est pas très cool de lui avoir fait perdre son boulot.

Deux ou trois jours sont passés pendant lesquels Hakim avait également disparu et moi, je pensais sans arrêt à Louise. J'avais arpenté la rue amelot, de long en large, à différents moments de la journée, espérant tomber par hasard (puisque le hasard peut parfois bien faire les choses) sur elle. Puis Jésus m'a enfin rappelé. Il n'était pas en mesure de me donner les coordonnées de Louise ce jour-là, mais il proposait de me les donner le lendemain soir, à 21H00, dans un bar du XIeme qui s'appelle "les Couleurs".

Je connaissais ce bar. Louise y serait-elle ? Jésus refusa de m'en dire davantage. Il revint sur l'incident que nous avions eu avec Cyril. Il me dit qu'en échange du numéro de Louise, il attendait quelque chose de ma part. Je promis tout ce qu'il voudrait. C'était très stupide de ma part parce que Jésus me demanda de convaincre Hakim de s'excuser auprès de Cyril. Je n'en croyais pas mes oreilles. Jésus me dit qu'il avait arrangé les choses avec Cyril et que ce dernier était prêt à ne pas porter plainte contre nous si nous lui présentions des excuses. Je connaissais Hakim. Ce que me demandait Jésus était impossible. Cependant, en échange de la possibilité de revoir Louise j'étais prêt à promettre n'importe quoi.