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Roman > Chap 10

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Louise habitait un petit studio, sous les toits, à quelques pas de la place de la Bastille. Pour arriver chez elle, l'ascension des six étages ne fut jamais aisée mais je montais au paradis. En entrant, elle me dit de me mettre à mon aise. Je m'affalais sur son canapé convertible. Pendant ce temps, elle sortait d'un tiroir un petit sachet d'herbe et des feuilles à rouler. Elle s'était assise à côté de moi. Je la regardais faire. Quelques secondes plus tard, elle allumait un joint de cannabis. Elle trouvait que l'herbe était meilleure que le shit et elle la fumait toujours sans tabac. J'avais, pour ma part, l'habitude de la mélanger avec la moitié d'une cigarette. Elle me dit c'est une hérésie et, après m'avoir tendu le joint, elle se leva pour mettre de la musique. C'était Portishead. Durant un moment, dont je ne saurais définir la durée, je me laissais emporter par cette musique si envoûtante. Les sons des guitares et la voix que j'entendais me semblaient extraordinaires. Nous ne parlions plus. Quelques regards vers elle, vers les différentes parties de son corps. Quand elle portait le joint à sa bouche, j'admirais le mouvement de sa main qui avançait vers son visage, comme portée par la musique. Après avoir tiré une longue bouffée, elle pencha sa tête en arrière, tout en fermant les yeux. Elle resta quelques secondes sans bouger, dans cette position, semblant évoquer l'abandon total de son corps et de son esprit. Je la trouvais alors terriblement sensuelle, et j'éprouvais une irrésistible envie de lui baiser le cou, à laquelle je résistais cependant. Elle fit un geste pour se lever et je l'entendis dire : on va se mettre à l'aise. Le canapé devint un lit. Quand cette métamorphose se fut accomplie, nous nous embrassâmes. Impossible de dire qui en avait pris l'initiative. Nous nous embrassions comme des fous, sans plus savoir comment nous arrêter. Nos vêtements devinrent superflus. Pire encore : ils nous nous gênaient. Nous devions nous battre pour les retirer, sans que nos lèvres ne se désenlacent et sans que nos caresses ne cessent. Sa peau était fine, très douce et agréable à caresser. Entre ses cuisses, je sentais un parfum de vie. Il me ramenait à des choses de mon enfance. Les bois, je pense. De la terre, très noire, dont les saveurs s'élèvent en automne, après la pluie. Nous avons fait l'amour toute la nuit durant. Il faisait très chaud et nous suions abondamment. Nos corps moites semblaient vouloir se fondre l'un dans l'autre. Nous nous arrêtions pour aller chercher un verre d'eau ou fumer un pétard. Je changeais de préservatif et nous reprenions. A force, il y avait une odeur de caoutchouc dans la pièce. Je la trouvais désagréable car elle troublait les essences de nos corps.

 
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