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Roman > Chap 7 : L'esprit d'escalier


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Cette nuit-là, je me retournais plusieurs fois dans mon lit en maudissant ce que ma grand-mère aurait appelé mon esprit d'escalier. C'est ainsi, m'avait-elle appris, que l'on qualifiait l'esprit des personnes toujours en retard d'une bonne réplique. Ce n'est qu'en bas de l'escalier, lorsqu'elles quittaient le salon de leur hôte, qu'elles se disaient : Ah zut ! J'aurais dû répondre ceci ou dire cela. Je ne m'endormis qu'au petit matin. Lorsque je me réveillai, quelques heures plus tard, je décidai de délaisser à nouveau mes recherches d'emploi pour m'occuper de retrouver Louise. Grâce à notre petit jeu des présentations, je connaissais son nom de famille. Cependant, dans l'annuaire, je trouvais des Montel, des Monteille, et des Monteil sans H et d'autres avec un H mais pas de Louise et aucun Monteil dans le XIeme. Je leur avais tous téléphonés pour savoir s'il avait une Louise dans leur famille. La première personne que j'avais eue m'avait annoncé que Louise Monteil était décédée 3 jours auparavant. C'était sa grand-mère. Une autre m'avait appris qu'elle avait une cousine qui s'appelait Louise, mais son nom de famille c'était Richard. Une autre m'avait demandé pourquoi vous voulez parler à Louise Monteil ? Je lui avais demandé, plein d'espoir, vous la connaissez ? Et elle m'avait répondu non. Un autre, enfin, m'avait dit, si vous voulez retrouver une inconnue, vous n'avez qu'à mettre une annonce dans Libé, c'est comme ça que j'ai retrouvé celle qui est aujourd'hui ma femme. Je l'avais félicité. D'autres m'avaient dit nous n'avons aucune Louise dans notre famille et beaucoup, évidemment, m'avaient raccroché au nez.

L'idée de l'annonce n'était pas mauvaise. Je tentais d'en imaginer le texte. Mille excuses, 2 jours magnifiques, n'aurais pas dû faire scène à cause du snif que tu t'ai envoyé. Non, il valait mieux faire simple et ne pas trop en dire. Mille excuses Louise. 2 jours magnifiques ensemble. Voudrais te revoir. Non. Voudrais te revoir ABSOLUMENT. C'était pas mal. J'allais appeler Libé mais je ne l'ai pas fait. J'ai préféré penser à Jésus. Peut-être avait-il connu Louise lorsqu'il travaillait chez Cyril. J'avais encore sa carte. Il pouvait m'aider à la retrouver.

J'ai laissé plusieurs messages sur son répondeur avant qu'il ne me rappelle le soir en me disant : Alors quoi ? Y t'a embauché ? Je ne savais pas quoi lui dire. Alors Cyril, il t'a embauché ou non ? Insista Jésus. J'avais peur de lui infliger un coup trop dur en lui faisant perdre toutes ses illusions sur ce patron qu'il considérait tant. A l'autre bout du fil, Jésus commençait à s'impatienter. Il voulait absolument savoir ce qui c'était passé et pourquoi Cyril ne m'avait pas embauché. J'essayais de tourné autour du pot. Je lui dis que j'avais eu maille à partir avec lui. Mais il ne voulait pas entendre ce genre d'expression qu'il ne comprenait pas. Parle-moi français, me dit-il. Ne pouvant plus faire autrement, je lui racontai en détail l'accueil de Cyril, la manière dont il m'avait traité et l'intervention d'Hakim. Je lui racontai également la discussion que nous avions eue dans le café avec Louise. Mais j'évitais de lui dire qu'elle avait passé deux jours dans mon lit. Pour finir, je lui dis très simplement que son ancien patron n'était qu'un sale connard. Lorsque j'eus terminé, nous écoutâmes tous deux le silence qui sépare les âmes au téléphone. C'est vrai, dit enfin Jésus, il est un peu frimeur. Puis il me demanda, Tu cherches à revoir cette fille ? Je lui avouai que j'en avais envie. Je vois qui c'est, mais je la connaissais pas vraiment, dit-il, je peux peut-être t'avoir son numéro ou son adresse, mais y faut me donner un peu de temps pour que je me renseigne. Je n'ai pas cherché à lui cacher à quel point cela me ferait plaisir. Alors il me dit : Dans ce cas, c'est pas très cool de lui avoir fait perdre son boulot.


 

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