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Roman > Chap19 : Comment Akhim est tombé

 

Pour comprendre ce qui s'était passé, il me fallait revenir en arrière, au moment où Cyril avait demandé à Akhim s'il pouvait lui rendre quelques petits services pour ses amis.Quelques jours plus tard, ils s'étaient revus et le jeune patron avait invité Akhim dans une petite fête que donnait l'un de ces amis dans sa maison à la campagne.

Ce n'était pas une maison à la campagne mais un château m'avait raconté Akhim. Il y avait un immense jardin et la piscine qui va avec. Au moins 300 invités. Tous blindés de thunes. Ça sniffait à donf dans tous les sens. Fallait voir ça. Cyril lui disait, Tu vois le gars là-bas, avec la petite minette, tu le reconnais pas ? Bien sûr que si, Akhim le reconnaissait pour l'avoir vu dans une série à la télévision. Je le voyais plus grand qu'ça, fit-il remarquer. Cyril lui appris que c'était toujours comme ça avec la télévision, elle rendait les gens plus grands. Il pouvait donner l'exemple de Gérard Depardieu, il était vachement plus petit lorsqu'on le voyait en vrai. Akhim cru qu'il était également à la soirée mais Cyril lui apprit que malheureusement Gérard n'avait pu se libérer. Malgré tout, il y avait du beau monde dans cette fête quand même. Akhim avait l'impression d'être entrer dans son poste de télévision. Les filles étaient très jolies. Il crut voir Sophie Marceau mais ce n'était pas elle, seulement une jeune comédienne qui lui ressemblait. Elle sortait avec un producteur qui était là également et lui mettait de tant à autre la main au cul avec un grand sourire aux lèvres. Mais lui et l'autre acteur mis à part, Akhim devait m'apprendre, lorsqu'il me raconta cette soirée, Y sont tous pédés à la télévision. Ma parole, tu ne me crois pas ? J'peux te le jurer sur le coran. J'ai vu l'autre là, celui qui présente le journal, en train de rouler un gros patin à un aut'mec. Mais peu importe, tout cela me laissait assez indifférent. Je me foutais de savoir qui couche avec qui dans le show-biz.

Cyril lui faisait voir une nouvelle clientèle au moment ou Akhim ne voulait plus de celle de Belleville. L'ancien patron de Jésus lui avait expliqué que tous ces gens, artistes ou hommes d'affaires, ont des boulots très prenants. Il leur faut souvent de quoi tenir car ils sont très souvent soumis à des pressions que l'on peut difficilement imaginer. Akhim avait très bien compris. Il goûta la drogue que consommaient toutes ces stars et se dit qu'elle n'était vraiment pas terrible. Il pensait pouvoir se faire beaucoup d'argent avec eux, grâce à Cyril. Qu'est-ce qu'ils veulent ? Je peux leur fournir n'importe quoi, dit-il. Et j'assure en plus la qualité. On verra, lui répondit Cyril, un sourire satisfait aux lèvres, qu'Akhim, malheureusement, ne sut correctement interpréter.

Deux jours plus tard, son biper sonna. Le numéro spécial. C'était Cyril. Il lui expliqua qu'il était dans la merde. Il fallait absolument qu'il dépanne un copain. Il cherchait "Quelques grammes". C'était le moment qu'Akhim attendait. Il allait la faire, sa nouvelle clientèle. Il les voyait bien, les petits fils-à-papa comme Cyril, lui sucer la bite pour quelques grammes. Il porta plusieurs petits paquets d'une poudre blanche comme la neige. Il n'avait aucun soucis sur la qualité ; elle était quasiment pure. Le client, en goûtant une première fois, en redemande toujours. Il serait par la suite toujours possible de couper davantage la dope, la plupart le sentent après mais ils sont alors tellement habitués à leur fournisseur qu'ils n'en changent pas comme ça, du jour au lendemain.

Une autre fois, Cyril lui apprit que sa came a été vraiment très appréciée et qu'il voudrait avoir la même. Il était prêt à y mettre le prix. Akhim lui parla du double parce que ce n'était pas évident de fournir régulièrement cette qualité-là. Et ils se mirent d'accord tous les deux. Les choses se répétèrent ainsi deux ou trois fois. Puis Cyril se dit qu'elles avaient assez durées, qu'il était temps de se venger de ce voyou qui avait osé lui casser la gueule chez lui, dans son entreprise, devant ses employés. Il décrocha son téléphone et appela la police.

Ils étaient au courant du rendez-vous. Akhim faisait de si bonnes affaires avec des gens respectables et influents, qu'il ne se méfiait plus de rien. Il devait se rendre dans un bar que lui avait indiqué Cyril.
Cette fois, la commande était assez importante. Il en avait planqué un peu partout sur lui, même dans ses chaussettes. Il entra. C'est un bar assez chic et très discret. C'était le début de la soirée, l'endroit était calme. Akhim s'installa au bar. Il commanda un perrier. Avant d'être servis, un homme lui posa la main sur l'épaule. Police, veuillez nous suivre s'il vous plait, sans opposer la moindre résistance, rajouta-t-il.. Ils étaient en réalité une bonne dizaine, tous en civils, à guetter ses moindres gestes depuis qu'il était entré. Dehors, il y en avait encore d'autres qui portaient l'uniforme.

Akhim avait senti la douleur des menottes contre ses poignets. Ils l'avaient un peu bousculé. Après avoir trouvé 10 grammes sur lui. Quoi ? T'as que ça ? Tu n'en as pas d'autres ? Ils étaient là mais ils ne les trouvèrent pas. Akhim avait réussi à s'en débarrasser, lui-même ne savait plus comment. Fouille à nouveau. Bousculades. On le fit entrer dans un véhicule portant couleurs et armoiries des gardiens de l'ordre public.
Un individu, dés le moment où il tombe entre leurs mains fait l'expérience de la violence légitime. Il n'y a plus aucun respect, bien au contraire il faut l'humilier pour lui montrer qu'il n'est rien, qu'il a voulu jouer au plus malin et il a perdu. Ce sont les méthodes courantes de la police. Personne ne pourrait les changer sinon les flics ne seraient plus des flics. Les criminels méritent qu'on les bousculent un peu.
Akihm se tait, il n'a rien à dire.
Il m'avouera plus tard : il a pleuré.

Je sui allé le voir en prison. Grâce à l'argent qu'il s'était mis de côté il pouvait s'offrir un très bon avocat. Le meilleur de Paris me dit-il, pour ces affaires-là. Bizarrement, il ne me parla pas de vengeance ni de tuer Cyril. Il me dit, Maintenant je vais avoir le temps de lire. Tu sais j'ai déjà commencé un bouquin. Les misérables, me dit-il, tu connais ? Je dis oui. C'est un bouquin de Victor Hugo, j'ai déjà commencé, j'en suis à la page 50. Je le félicitai. Ouais, il me dit, mais c'est un putain de gros bouquin, y'a plus de 600 pages. Pour ne pas le décourager, je ne lui ai pas dit qu'il devait certainement être en plusieurs tomes.

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