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Roman > Chap21 : Sonia s'en va

 

Finalement, je suis rentré seul. Je n'ai plus entendu parlé de Louise pendant 2 semaines. Je n'ai jamais su ce qu'elle était devenue durant tout ce temps. Elle avait peut-être vécu avec Yves et Marie, ils ont peut-être fait ménage à trois avant que Louise ne me revienne. Cette période de sa vie demeure un mystère pour moi car elle n'a jamais voulu répondre à mes questions.
Lorsque je lui ai demandé pourquoi elle avait fini par reprendre contact avec moi, elle m'a dit que je lui avais manqué. C'est comme ça, m'a-t-elle affirmé, lorsque je suis avec toi j'ai parfois envie de disparaître et lorsque je suis sans toi, je pense que tu me manques. Je n'arrivais pas à y croire. Tu penses que je te manque ou je te manque vraiment, ce n'est pas la même chose tu sais. Non, tu me manques vraiment, m'a-t-elle répondu.
- Ah bon ! Il vaudrait mieux en être sûre parce que, moi, je n'ai pas que ça à faire : courir après toi ou bien t'attendre.
Pour toute réponse, elle s'est contentée de baisser les yeux et de reprendre son air songeur.

Ce jour-là, je lui ai fait l'amour avec toute la force de la jalousie et le besoin fou de la posséder qui en résultait. Louise me fit don de son corps libre, tumultueux, dont les courbes étaient autant de chemins vers la jouissance que nous procurent des toutes petites morts, fruit de notre désir assouvi, véritables explosions nourris de violence et de douceur.

Au lieu de s'éteindre, la flamme s'était rallumée avec davantage de vigueur. Je sentais son corps contre le mien. La douceur de sa peau chaude. N'avons-nous pas vibré à l'unisson ? J'avais entendu son chant si profond, comme un souffle jailli de ses entrailles. Et il me semblait avoir également crié. Je n'étais sûr de rien. Etait-ce moi ?

Maintenant nous avions fini. Son corps, sous le mien, ne faisait aucun mouvement. Je sentais mon sexe se réduire et, petit à petit, s'extraire du tombeau où il avait trouvé sa place. Si la vie s'arrêtait à cet instant précis, me disais-je, nous n'aurions pas à nous plaindre.

La vie ne s'est pas arrêtée. Et il fallut que nous redevenions des êtres normaux dans un monde imparfait. Des gens qui vivent dans la société. Des gens qui s'éloignent du bonheur lorsqu'ils s'en approchent de trop près. Louise s'est levée puis s'est habillée. La nuit était tombée. Elle devait partir. Elle m'a parlé d'une amie qu'elle devait voir et puis ses parents qui l'attendaient pour dîner. C'était la première fois que je l'entendais parler de ses parents et je me promis, lorsque l'occasion se présenterait, d'essayer d'en savoir davantage. Avait-elle, contrairement à moi, une famille normale ?

A peine avais-je pensé cela que le téléphona sonna. C'était ma mère. Je craignis qu'elle ne me dise, Voyons pourquoi dis-tu que nous ne sommes pas une famille normale ? Démontrant ainsi qu'elle était en mesure de lire à distance dans mes pensées. Heureusement, loin de se douter que je pensais d'une certaine manière à elle au moment où elle composait mon numéro, elle dit autre chose.

Pendant que je lui parlais, Louise s'est éclipsé en me faisant signe de la main qu'elle m'envoyait un millier de baisers. Ma mère s'inquiétait de savoir si je comptais reprendre mes études, je lui dis que non. Comprenant que nous nous avancions à nouveau vers une impasse, elle changea de sujet et voulu prendre de mes nouvelles. Je remarquais que sa voix avait une intonation étrange. Elle semblait troublée. Pour la première fois, j'entrevis une faiblesse en elle. Au fond de moi, je me sentis coupable de ne m'en être rendu compte qu'à cet instant. Je me trouvai dur avec cette femme qui, jusqu'alors, m'avait fait l'effet d'un monstre tant elle m'était apparue sans faiblesse et d'une force à toutes épreuves. Sa tristesse me la faisait apparaître enfin comme un être normal. Au fond, je pouvais me demander si nos rapports si tendus ne s'expliquaient par une sorte d'admiration pour elle. Mais je ne le croyais pas. Cependant, pour beaucoup de gens, sa vie était un exemple à suivre. J'essayais de me figurer que j'avais une mère dont la vie correspond à l'idéal du commun des mortels. Ce qui était assez extraordinaire finalement. Puis j'essayais de comprendre pourquoi les gens pouvaient tant tenir à être comme elle.
Une vie comme la sienne met-elle à l'abri du malheur ? Evidemment que non, mais ce que l'on veut, c'est une forme de puissance, de carapace qui nous donne l'illusion de tout pouvoir affronter ou de tout maîtriser. Je lui demandais ce qui était arrivée. Sonia a décidé de quitter son mari et de partir en Afrique, m'annonça-t-elle. Je faillis répondre que ça, c'était une bonne nouvelle, mais je m'en abstins, compatissant à son chagrin, pour une fois que je la voyais en éprouver un.

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